| Baisse la voile

Sous Henri III, Jean-Louis Nogaret de la Valette. Grand Amiral de France, Gouverneur de Guyenne était un des mignons du roi, qui le fit Duc d'Epernon, propriétaire de nombreux domaines et terres en Gascogne, homme puissant et donc Baron de Beychevelle.

Homme tout-puissant puisque, selon la légende, les navires passant devant son château devaient baisser leurs voiles en signe d'allégeance, c’est ainsi que la légende du « Baysse voile » fut racontée de générations en générations. Ainsi, tous les vaisseaux, français ou étrangers, navires guerriers ou de commerce, petits et grands faisaient une révérence au duc et à la duchesse en baissant leur voile en passant face au château.

Ceci est la légende mais de nombreux historiens au fil des siècles ont donné des explications : Au premier temps de l’occupation anglaise, Il ne s’agissait pas d’un salut maritime mais de l’ordre d’un guetteur qui du bord du fleuve donnait ordre au navire en criant « baysse velle » pour que les navires paient un droit de passage. Difficile d’imaginer qu’avec la largeur du fleuve, les navires puissent entendre et surtout faire les manœuvres.

C’est peut-être dans la géographie du lieu que nous pouvons en trouver l’explication : le château se trouve au bord de la jalle du Nord. De nombreux ruisseaux, esteys, étaient utilisés pour aller le plus loin possible dans les terres et près des châteaux. Cette Estey de Beychevelle est un ruisseau très important, mais placé perpendiculairement au fleuve. Des vents contraires obligeaient les marins à rentrer dans le port en baissant les voiles et en finissant à la rame alors bien souvent, il y avait quelqu’un sur la berge pour aider en criant : « baisse la voile » et jeter des cordes pour tirer le bateau dans le port.

Une certitude la légende pouvait exister, il fallait baisser la voile pour rentrer dans le port, saluer peut-être et si il n’y a plus beaucoup de bateaux , la légende reste en entrant dans le village le salut est toujours présent : « Passants vous entrez dans l’antique et célèbre cru de Saint Julien Saluez ! »

 

 

 

| La légende de Saint Julien l'Hospitalier

Une légende, un conte populaire... Voici la légende racontée par Saint Antonin :

" Un jour que Julien allait à la chasse, étant jeune homme et noble, il rencontra un cerf et se mit à le poursuivre. Soudaint le cerf se retourna vers lui et dit :

- Pourquoi me poursuis-tu, toi qui sera meurtrier de ton père et de ta mère..."

C'est ainsi que la vie de Julien bascula. Il s'enfuit et vecu une autre vie loin des siens... Il se conduisit avec tant de vaillance à la guerre et au palais, que le Prince le fit Chevalier et lui donna pour femme une noble veuve Châtelaine, qui lui apporta son château en dot. Cependant les parents de Julien, éplorés d'amour pour leur fils, erraient vagabonds à sa recherche. Ils parvinrent enfin au château fort que commandait Julien. Mais Julien se trouvait absent. Sa femme les vit et leur demanda qui ils étaient. Et eux lui racontèrent ce qui était arrivé à leur iils et comment ils voyageaient pour le chercher. Alors elle comprit que c'étaient les parents de Julien, d'autant que son mari lui avait souvent dit les mêmes choses. Et elle les reçut avec honneur et leur donna sa propre couche pour s'y reposer, et se fit préparer un autre lit. Le matin venu, la Châtelaine alla à l'église, laissant dormir dans son lit les parents de Julien, lassés. Cependant Julien, rentrant chez lui, et pénétrant dans la chambre nuptiale afin de réveiller sa femme, y trouva ses parents qui dormaient. Mais il ne savait pas que c'étaient ses parents : et ayant soupçonné que sa femme était couché là avec son amant...il égorgeat ses parents..." quand il s'aperçut de son crime, ils quittèrent le pays. Ils s'installèrent près d'un fleuve très périlleux à traverser, ils construisirent un grand hôpital. Et là ils restèrent leur temps de pénitence, et ils servaient de passeurs à ceux qui voulaient traverser le fleuve, et ils donnaient l'hospitalité aux pauvres, jusqu'au jour où un lépreux, lui demanda de l'aide: il avait, froid, il avait faim, il voulait traverser... et c'est ainsi que disparut Julien emporté dans les ténèbres

« Et parce qu'il fut l'hôte des pauvres et des pèlerins, les voyageurs l'invoquent pour trouver bon gîte sous le nom de Julien l'Hospitalier."

Extrait de la préface de "la légende de Saint Julien" de Flaubert. BNF

 

Saint julien l'Hospitalier. Gravure de 1822 (BNF)
Saint julien l'Hospitalier. Gravure de 1822 (BNF)

|Le pont de l'Archevêque

 Le pont situé en bas du château Beychevelle et près du Prat Lauret, haut-lieu de la sorcellerie médoquine, porterait ce nom en souvenir d’une épreuve qui aurait opposé un archevêque désireux d’évangéliser le Médoc au  diable. L’épreuve était la construction du pont et l’enjeu, l’accès à la conscience des Médoquins. La tradition a gardé le souvenir de la victoire de l’archevêque mais le diable n’avait pu aller bien loin puisque, de temps en temps, il venait se placer à l’entrée du pont pour faire payer un tribut aux passants


« Autrefois, on disait que le diable se tenait souvent devant le pont de l’Archevêque (…). Tous ceux qui voulaient franchir le pont devaient embrasser le derrière du diable. Beaucoup de monde devait passer par là. Un jour pourtant, le dernier à se présenter fut un cordonnier. Il avait une alène dans la poche. Au moment de faire la bise, il cria en lardant le cul du diable :
« Bica platena                             «  Embrasse patène
Au cuu te planti la lena ! »              Je te plante l’alène dans le cul ! »

Ce pont est aussi appelé le pont des miracles.
Quand autrefois Monseigneur, Archevêque de bordeaux venait donner le sacrement de la confirmation aux enfants de Saint Julien et de Beychevelle, toute la population venait l’attendre à l’entrée du pont qui indiquait la limite de la paroisse. Là, l’archevêque avait instauré une coutume, il descendait de voiture et traversait le pont à pied très très lentement en bénissant tout le monde qui attendait ce moment avec ferveur car alors…….
Se produisait un miracle à Saint Julien : un aveugle voyait, un sourd entendait une vieille retrouvait ses jambes  et oui vous lisez bien le bossu perdait sa bosse. Concurrence, rivalité avec les sorciers !
Mais le diable et les mauvaises gens disent que cela n’a aucun fondement.